Comment marche l’Hypnose Flash® ?

Article de 2011

Réintégrer l’hypnose réelle dans la relation d’aide m’a toujours semblé fondamentale.

Processus historiques simplifiés :

L’histoire de l’hypnose qui nous est parvenue m’a permis d’observer que les inductions hypnotiques, dans leurs formes, rituelles et communicationnelles, ont plus évolué conceptuellement que fondamentalement.

Certes, le fossé est immense entre le magnétisme animal (1) de Franz-Anton Mesmer (1734-1815) et le monoïdéisme de James Braid (2) (1795-1860) ; ce dernier va emprunter au Baron Hénin de Cuvilliers (3) (1755-1841) le vocable « Hypnotisme » et le définir comme étant :

« Un état particulier du système nerveux, déterminé par des manœuvres artificielles ou encore, un état particulier du système nerveux, amené par la concentration fixe et abstraite de l’œil mental, sur un objet, qui n’est pas par lui-même de nature excitante. » (4)

Précurseur de Charcot, Braid pose sa théorie de l’hypnose comme état neurologique spécifique et réfute définitivement toute idée de fluide. Il donne naissance au « Braïdisme » en induisant l’hypnose par monoïdéisme qui consiste en « […], une diminution de la faculté d’attention amenée par la pensée exclusivement attachée à un objet unique, à une pensée unique » (5).

Il va sans dire que Dave Elman et Milton H. Erickson, figures majeures du 20ème siècle, ont marqué un tournant dans l’histoire de l’hypnose. Leur regard sur cette pratique et leur expérience a donné naissance à deux directions contemporaines marquant des forme d’inductions différentes.
Force est de constater que dans le fond, dans le processus rien n’est nouveau ou tout est ancien.

Globalement, on retrouve :

chez Elman des formes d’induction dites rapides (longues aujourd’hui en rapport à Hypnose Flash®), classiques dans leur structure. Ses suggestions sont directes avec évocation imposée, basées sur l’utilisation volontaire par le sujet de son imaginaire. Elles sont épurées d’artifices linguistiques et axées principalement sur la relaxation du corps puis de l’esprit et sont accompagnées de « passes hypnotiques ».

chez Erickson, le style est dit permissif, sans l’être systématiquement (Erickson savait être directif). Ses suggestions sont indirectes plus axées sur l’évocation d’expériences universelles et plus confusionnelles dans leur rhétorique (utilisation d’un langage non spécifique). Il concentre ses efforts vers des processus psychologiques de dissociation, d’absorption et confusion.

En résumé, Elman et Erickson usent tous deux d’inductions hypnotiques progressives. Le style d’Erickson lent est indirect et permissif, celui d’Elman plus rapide (replacé dans son époque) est direct et directif.

Les avancées neurophysiologique , sociologique, anthropologique, communicationnelle et mathématique, ont apporté un éclairage précieux qui permet de comprendre les processus d’induction pratiqués depuis toujours sous différentes appellations et présentations.

Gardons à l’esprit que toutes informations, qu’elles soient ( visuelles, auditives, kinesthésiques,olfactives, gustatives) sont, majoritairement traitées inconsciemment. Cet axiome définit les processus sous-jacents aux inductions hypnotiques flash® que j’ai  longuement enseignées aux professionnels de la relation d’aide.
Les vidéos d’ hypnose flash® ne sont que des extraits qui visent à montrer que nous pouvons déclencher une transe profonde en quelques secondes sur des sujets non-préparés.

Rites et induction hypnotique

J’observe que certains praticiens, quels que soient leurs formations, leurs titres, leurs approches et leur expérience, se privent de rites symboliques, « hypnogènes » fort utiles. La tendance actuelle, au nom d’une démystification, aspire à une hypnose dépourvue de tout ce qui participe de l’hypnose profonde, jusqu’à devenir une hypnose « homéopathique », qui, il me semble, l’est plus dans un objectif de confort et de sécurité, au profit de l’opérateur que du sujet.

Hypnose Flash® est une approche qui évitera à bien des opérateurs des efforts qui se résument souvent à enchaîner sans discontinuer : « Peut-être ou peut être pas » pendant une durée sans fin (15 à 45 mn ; remarquons que ces interminables minutes, finissent par assommer d’ennui les sujets. L’ennui étant un processus hypnotique à part entière).

Hypnose Flash® permet d’obtenir des degrés d’hypnose plus intenses ou profonds qu’avec certaines inductions complexifiées que l’on dit être « nouvelles » depuis plus de 30 ans.

Plus sérieusement, lorsque nous évoquons le terme rite, il ne s’agit de rien d’autre que d’adapter à son sujet tous les processus enseignés en hypnose Flash d’une façon sérieuse avec intentionnalité.
J’évoque ici la notion de rite au sens des « rites d’interaction » (6) d’Erving Goffman (1922-1982).
Formalisés, ils marquent un passage d’une dimension à une autre (rapports sociaux, cycle de vie, grade, changement, initiation), en l’occurrence d’un état de conscience, dit de vigilance normal à un état de conscience altéré temporairement.

Rassurons-nous, inutile de prendre une voix pathétique, ni même de s’affubler d’une tenue particulière. Inutile de transformer sons cabinet en roulotte de diseur de bonne aventure, en baquet magnétique mesmérien ou en pseudo-temple de je ne sais quoi. Encore moins d’utiliser des parasites (artifices) olfactifs ou sonores (musique, encens…).
Le rite se fera dans une série de gestes respectueux, appropriés, soutenus par une intentionnalité certaine ; dans un premier temps, au cours des tests de suggestibilité puis dans un second dans la phase d’induction de transe formelle.

Soulignons qu’il sera hautement personnalisé grâce aux éléments recueillis dans l’interview préliminaire.

Je pense qu’une induction hypnotique de transe profonde ne devrait jamais dépasser 2 minutes (pour la plus longue) et sera bien souvent plus efficace avec des sujets résistants, en quelques secondes (7).

Étant conscient que cette position peut être vécue comme à contre-pied, je tiens à préciser que l’hypnose médicale, l’hypnose ericksonienne et plus globalement ce qui a été nommé par Daniel Araoz puis Jean Godin « Nouvelle hypnose », tout comme l’hypnose dite classique sont des expressions de l’hypnothérapie intéressantes ; elles ne sont pas les seules ; Hypnose Intégrative® le confirme.

La reproduction partielle ou totale de cet article est permise sous la condition d’intégrer sous votre publication (avec lien dur) : « ©Extrait d’un article de G. ETTZEVOGLOV https://www.expert-hypnose.com » 

Hypnose Nice

Formation Hypnose Flash®

1. Nachez, M. (1999), Les états non ordinaires de conscience, Essai d’anthropologie expérimentale, Thèse de doctorat de science humaines, SEPTENTRION.
2. Dans la forme “topologique” des phénomènes transitionnels de D. Winnicott, à savoir celle d’un “espace potentiel” tel qu’il le définit: « J’ai introduit les expressions « objet transitionnel » et « phénomène transitionnel » pour désigner la zone d’expérience qui est intermédiaire entre […], l’activité créatrice primaire et la projection de ce qui a été introjecté, […]. ». et « […], je m’intéresse à la première possession et à la zone intermédiaire qui sépare le subjectif de ce qui est perçu objectivement. ». Winnicot, D. W. (1969), De la pédiatrie à la psychanalyse, PAYOT, p.110. Winnicot, D. W. (1975), Jeu et réalité, l’espace potentiel, GALLIMARD.
3. Stonier, T. (1990), Information and the internal structure of de universe, New York, Springer-Verlag.
4. Watzlawick P. , Weakland J. , Fish R. (1975), Changements, SEUIL, POINT, p. 66-80.